Approches de ma production en contexte(s) (2012 related)
La forme, telle que je la conçois : le dommage collatéral dû à la rencontre d’un geste et d’une situation (un effet pervers en somme), implique une relation de dépendance envers des contextes donnés. Un travail radicalement formel, une pratique d’atelier isolée, me paraît aussi justifiable qu’un travail in situ, si l’ambition reste politique, c’est-à-dire si le geste se positionne (du retrait à l’engagement) en fonction de cette situation.
J’essaie simplement de soustraire à l’œuvre un maximum de nuisances, sans forcément réduire cette dépendance, dans un brouhaha constant de discours et d'images. Il est nécessaire de conserver un état de tension entre l’œuvre et son environnement (dont le spectateur). Les formes et les positions se font et se défont, les intentions semblent parfois contradictoires d’une pièce à l’autre, je n’ai rien à justifier, seulement l’évolution constante des contextes et de mes propres recherches, c’est pour moi une conséquence logique.
Les « withouttitle » constituent donc une série, dans laquelle les points de vue et les gestes divergent, mais où les principes d’autorité sont discutés. La place donnée au langage dans l’oeuvre est par exemple abordée, mon rapport au texte, à l’image, au formalisme et à la géométrie… Oui, c’est peut-être un fourre tout, mais dans lequel j’archive des positions.
Je crois que ce qui m’intéresse le plus dans cette notion vague de contexte(s), ce sont toutes les contradictions qu’il est possible de mettre en lumière et de décliner.
Genèse (probable)
Je nomme trois images rétrospectivement « withouttitle 0 /1 », « withouttitle 0 /2 » et « withouttitle 0 /3 » pour l'expérience et ses incidences. Il s’agissait pour les trois de tailler quelques phrases ou mots à la machette dans des arbres à caoutchouc, tout cela s'est passé dans la jungle, dans le Darien, au Panama (voir projet "escape from Panama"). Cette essence a comme particularité de délivrer sa substance à la moindre agression de son écorce. Cette réaction naturelle, réparatrice, absorbe / recouvre alors toute intervention extérieure, ou toute tentation d’inscription de message ou d’information. Rien de plus que ce qui est visible à l'image.
J’ai débuté certaines de mes réflexions face à cette réaction spontanée, quasi défensive. Le matériau répond directement à mon geste, par une contre-agression sur ce dernier, l’interactivité est bonne dans ce cas. En tout cas la réaction impose le silence.