Benjamin Husson

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///Escape from Panama///

01/01/2012

15 jours après la lecture d’ « Oro » et environ deux mois après la mort de son auteur, Cizia Zykë, je décide de prendre un avion en direction du Panama. Ce pays fut celui de sa fuite, après une série d’aventures et donc d’ennuis au Costa-Rica.
Je ne sais pas si la suite directe de cette autobiographie est relatée dans un autre volume, mais peu importe, j’en suis là.
Je ne compte pas faire l’acquisition d’un .44 ou d’un .357 magnum chromé, mais j’espère tout de même faire la rencontre de quelques ticos ou leurs équivalents panaméens. Je ne compte pas planifier quoi que ce soit, on verra bien l’hostilité que renferme la jungle.
Je crois que je n'avais jamais ressenti le besoin de faire une expérience nouvelle reliée au statut de lecteur, de sa passivité inhérente, obèse de récits et de projections. J’ai envie de créer un pont avec l’imprévisibilité et l’impulsivité de Zykë.
Il ne s’agit pas non plus d’un voyage initiatique ou d’un pèlerinage, disons que je me laisse un peu aller à mes fantasmes de lecteur, c’est un peu bête, mais ça me plait plutôt. Je ne sais pas bien, mais je crois que cette petite aventure me tente, tout simplement, la lecture d’ « oro » m’a simplement donné envie de le faire. C'est pour moi, à l'heure actuelle, bien plus stimulant que de spéculer sur n'importe quelle référence littéraire.
Je ne sais pas s’il s’agit de se réapproprier une expérience, d’errer, ou de hisser l’autobiographie de cet auteur au rang de celles de ces écrivains qui, par leurs récits extraordinaires ont influencé des générations de lecteurs, c’est trop tôt pour le dire, c’est plus simple que cela je pense.

01/02/2012

J’ai finalement conservé trois images, prises avec mon téléphone portable dans le Darién.
Cette région reste l’une des plus vierge et hostile du monde, j’ai pu y compter autant de militaires que de serpents, ce sont d’ailleurs les premiers qui ont précipités mon retour en Europe.

Je nomme ces trois images rétrospectivement « withouttitle 0 /1 », « withouttitle 0 /2 » et « withouttitle 0 /3 ». Il s’agissait pour les trois de tailler quelques phrases ou mots à la machette dans des arbres à caoutchouc. Cette essence à comme particularité de délivrer sa substance à la moindre agression de son écorce, recouvrant ainsi automatiquement le motif gravé. Cette interactivité avec le médium, que certains pourraient rapprocher du geste d’Ed Ruscha (quant au choix de matériaux qui absorbent successivement les couches et les mots/motifs associés) a inspiré la série de brûlures de textes sur goudron.

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